Ce n’est ni de la boulimie, ni de l’anorexie : ce trouble alimentaire méconnu bouleverse des milliers de vies

vendredi 14 novembre 2025 08:15 - Daniele Mainieri
Ce n’est ni de la boulimie, ni de l’anorexie : ce trouble alimentaire méconnu bouleverse des milliers de vies

On connaît l’anorexie ou la boulimie, mais il existe un autre trouble alimentaire dont on parle encore très peu: l’ARFID, pour Avoidant/Restrictive Food Intake Disorder, autrement dit trouble de l’alimentation évitante/restrictive.

Derrière ce nom compliqué se cache une réalité bien plus simple — et bien plus difficile à vivre: certaines personnes rejettent une grande partie des aliments, non pas pour des raisons esthétiques ou de régime, mais parce qu’elles ne peuvent tout simplement pas les manger.


Quand manger devient source d’angoisse

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les personnes atteintes d’ARFID ne cherchent pas à perdre du poids. Ce n’est pas une question d’apparence, mais de peur, de dégoût ou de déplaisir sensoriel.

Certains aliments provoquent une réaction de rejet intense : leur odeur, leur texture ou leur goût sont insupportables. D’autres ont peur de s’étouffer ou de vomir.

Peu à peu, leur alimentation se réduit à quelques “valeurs sûres” : des pâtes natures, du pain, des frites, du riz, parfois du yaourt. Tout ce qui sort de cette courte liste devient une source d’anxiété.

Et non, ce n’est pas un simple “caprice”. Ce comportement cache souvent une souffrance bien réelle, parfois invisible, mais qui impacte la vie quotidienne.

À quoi ça ressemble, concrètement?

Voici quelques signes qui peuvent alerter :

  • une peur marquée de manger certains aliments, voire de s’étouffer,
  • un rejet systématique de certaines textures (croquante, filandreuse, collante…),
  • une forte anxiété face à des repas à plusieurs,
  • une alimentation très limitée, avec seulement quelques plats “acceptés”,
  • et à la longue, des carences nutritionnelles importantes.

L’ARFID commence souvent dans l’enfance, mais si elle n’est pas prise en charge, elle peut se prolonger à l’adolescence, voire à l’âge adulte.

D’où vient ce trouble?

D’où vient ce trouble ?

Comme souvent, il n’y a pas de cause unique. L’ARFID naît d’un mélange de facteurs psychologiques, sensoriels et émotionnels.

  • Une hypersensibilité sensorielle : certaines personnes ressentent les goûts, les odeurs ou les textures de façon beaucoup plus intense que la moyenne. Ce qui est neutre pour l’un peut être insupportable pour l’autre.
  • Un événement marquant : une mauvaise expérience (étouffement, vomissement, intoxication) peut créer une peur durable liée à l’acte de manger.
  • L’anxiété ou le neurodéveloppement : l’ARFID est plus fréquent chez les personnes anxieuses ou autistes, qui ont besoin de contrôle ou d’habitudes alimentaires très cadrées.
  • L’environnement familial : parfois, sans le vouloir, la pression autour des repas ou les conflits à table aggravent le trouble.

Des conséquences bien réelles

Quand on ne mange que quelques aliments, le corps finit par manquer de nutriments essentiels : carences en fer, en vitamines, en protéines

Résultat : fatigue, perte d’énergie, baisse de l’immunité, troubles de la croissance chez les plus jeunes.

Mais les conséquences ne sont pas que physiques. L’ARFID pèse aussi lourdement sur le mental. Les repas entre amis deviennent un cauchemar, les sorties sont évitées, et beaucoup finissent par se replier sur eux-mêmes.

Certains se sentent “bizarres” ou “difficiles”, alors qu’ils souffrent d’un trouble qui mérite d’être compris, pas jugé.

Peut-on en guérir? Oui ❤️

La bonne nouvelle, c’est que l’ARFID peut être traité. Le secret, c’est une prise en charge douce, progressive, et toujours sans culpabilité.

Les spécialistes recommandent une approche en plusieurs étapes :

  • La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour apaiser les peurs liées à l’alimentation.
  • Une exposition progressive : on réintroduit petit à petit les aliments évités, à son rythme, sans forcer.
  • Un accompagnement nutritionnel pour retrouver l’équilibre et combler les carences.
  • Le soutien familial, essentiel surtout chez les enfants et ados, pour éviter les tensions autour des repas.

Le but n’est pas de “tout manger”, mais de retrouver du plaisir à manger, sans peur ni dégoût.

En résumé

  • L’ARFID provoque une peur ou un dégoût vis-à-vis de nombreux aliments.
  • Il n’a rien à voir avec la recherche de minceur.
  • Il entraîne souvent des carences et un isolement social.
  • Une thérapie adaptée peut aider à renouer avec le plaisir de manger.

Parler de l’ARFID, c’est déjà une façon d’aider ceux qui en souffrent — parfois sans oser le dire.

Daniele MainieriDaniele Mainieri
Chaque jour je m'immerge dans le monde de la cuisine, à la recherche de nouvelles recettes et saveurs à partager : du plat de grand-mère aux dernières tendances culinaires. Je travaille dans la communication alimentaire depuis plus de 10 ans !

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