Derrière les steaks saignants et les promesses virales : ce que la science dit VRAIMENT du régime carnivore

dimanche 9 novembre 2025 15:00 - Adèle Peyches
Derrière les steaks saignants et les promesses virales : ce que la science dit VRAIMENT du régime carnivore

Vous avez vu passer cette tendance sur les réseaux: manger exclusivement de la viande, bannir les légumes, les fruits, même les céréales. Le fameux régime « carnivore » promet clarté mentale, perte de poids rapide, énergie brute. Mais derrière le buzz, qu’en dit la science? Nous décortiquons ici ce mode alimentaire, ses promesses, ses risques et les éléments concrets à connaître — le tout avec le ton complice d’un·e ami·e qui vous explique les choses simplement.


Qu’est-ce que le régime carnivore?

Ce régime se définit par la consommation exclusive ou quasi-exclusive d’aliments d’origine animale : viandes rouges, volailles, poissons, œufs, parfois produits laitiers. Autant que possible, plus (ou très peu) de fruits, légumes, céréales, légumineuses. 

Les adeptes l’adoptent pour diverses raisons : simplifier l’alimentation, réduire les troubles digestifs, stimuler l’énergie ou la performance. Mais comme toujours, ce qui est séduisant à court terme mérite qu’on analyse ce qu’il se passe à moyen et long terme.

Les atouts mis en avant

Protéines abondantes : la viande + les œufs assurent un apport riche en acides aminés essentiels, utile si l’on cherche à préserver ou développer la masse musculaire.

Un régime très faible en glucides peut engendrer une cétose (le corps brûle davantage de graisses plutôt que de sucre) : certains signalent meilleur contrôle de l’appétit, perte de poids, clarté mentale. 

Pour certaines personnes, éliminer les « végétaux » symptomatiques (ex. intestin fragile) peut réduire certains inconforts digestifs — mais c’est individuel.

Mais les risques avérés que vous ne devez pas ignorer

Absence de fibres & effets microbiote

En bannissant fruits, légumes et légumineuses, ce régime supprime pratiquement toutes les fibres alimentaires. Or, les fibres sont un pilier de la santé : elles favorisent une bonne flore intestinale, aident à réguler le transit, et leur consommation élevée est associée à une réduction du risque de cancer, de diabète, de maladies cardiovasculaires.

Un microbiote moins diversifié peut entraîner une vulnérabilité augmentée aux végétaux lorsqu’on les réintroduit ou un stress intestinal accru.

Profil lipidique et risque cardiovasculaire

La viande, en particulier la viande rouge, est souvent riche en graisses saturées. Un apport élevé en viande rouge a été associé à une hausse du risque de maladies cardiovasculaires : par exemple, une étude de 2021 menée sur 180 000 participants a montré une augmentation de 20 % des maladies cardiovasculaires et de 53 % des maladies coronariennes. 

Un autre mécanisme identifié est la molécule TMAO (produite par le microbiote à partir de certains composants de la viande rouge) : des taux élevés sont corrélés à une inflammation et un durcissement des artères. 

Donc, si l’on suit un régime carnivore strict, on s’expose potentiellement à des effets néfastes pour le cœur et les artères.

Carences en micronutriments

L’absence de végétaux implique exclusion de certains micronutriments essentiels : vitamine C, manganèse, polyphénols, nombreuses fibres, certains antioxydants. Certaines sources pointent aussi des perturbations possibles de la fonction thyroïdienne, de la fertilité ou du foie quand ce type de régime est suivi longtemps.

Zoom sur quelques chiffres nutritionnels

  • Viande rouge : typiquement environ 20–22 g de protéines pour 100 g, mais également 10–15 g de graisses (dont un pourcentage non négligeable de graisses saturées).
  • Apport recommandé de fibres pour un adulte : autour de 25–30 g par jour en France. Un régime seulement carnivore peut en apporter près de 0 g.
  • Risque cardiovasculaire : +20 % de maladies cardiovasculaires et +53 % de maladies coronaires associés à une forte consommation de viande rouge dans cette étude de 2021 sur 180 000 personnes. 

Ces chiffres montrent que même si l’on peut « se sentir bien » dans les premières semaines, les effets à long terme peuvent être moins positifs ou au moins moins bien documentés.

Est-ce que tout est négatif? Non. Mais le compromis est clé

Souvent, on oppose « tout viande » contre « végétarien / végan ». En réalité, les données suggèrent que la modération et la diversité alimentaire sont les plus sûres.

Par exemple, intégrer des viandes maigres, du poisson, et les associer à un régime de type méditerranéen semble bien moins risqué qu’un régime carnivore strict. 

Ainsi, on peut retenir :

  • Ne pas vilipender la viande, mais ne pas en faire l’axe unique de l’alimentation.
  • Conserver des produits végétaux riches en fibres, en antioxydants pour préserver santé intestinale, métabolisme lipidique et équilibre global.
  • Faire un suivi médical si on adopte un régime restrictif : bilan lipidique, fonction hépatique, microbiote si possible.

Conclusion

Alors, faut-il adopter le régime carnivore ? Si vous cherchez une routine alimentaire simplifiée, que vous n’avez aucun antécédent cardiovasculaire ou digestif et que vous êtes rigoureux·se dans le suivi… vous pourriez tester à court terme. Mais insistez sur ce mot : « tester ». Car les données à long terme ne confortent pas l’idée que « manger que de la viande » soit un choix assurément sain.

En revanche, en tant que mode alimentaire permanent, ce régime présente des signaux d’alarme : absence de fibres, risque cardio accru, potentiel déséquilibre micronutritionnel. Vous risquez donc de négliger que ce que votre alimentation exclut autant que ce qu’elle contient!

Adèle PeychesAdèle Peyches
Responsable éditoriale qui a seulement hâte de l’hiver pour manger des raclettes!
Passionnée de gastronomie et toujours en quête de nouvelles pépites culinaires, j'ai d'abord suivi des études de droit avant de revenir à mon premier amour : le goût des bons produits et le plaisir du partage autour de la table :)

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