On croyait que « vivre à la campagne » rimait avec santé : mais voilà ce qu’une étude de grande ampleur vient de démontrer.
On le pressentait depuis longtemps, mais une nouvelle étude vient de le confirmer noir sur blanc: vivre à proximité de vignes ou de cultures agricoles expose davantage aux pesticides.
C’est ce que révèle une enquête publiée par 60 Millions de consommateurs, s’appuyant sur les résultats du vaste programme PestiRiv, mené par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) et Santé publique France.
Des habitants littéralement “imprégnés”
Selon 60 Millions de consommateurs, l’étude a suivi 2 688 volontaires vivant dans six grandes régions viticoles, dont près de 750 enfants. Les chercheurs ont mesuré la présence de 56 pesticides différents dans l’air, les poussières domestiques, les cheveux, les urines et même les aliments du jardin.
Le constat est clair : les habitants vivant à moins de 500 mètres d’une vigne présentent des taux de contamination bien plus élevés que ceux vivant à plus d’un kilomètre.
« Une proximité inférieure à 50 mètres entraîne une surimprégnation », précisent l’Anses et Santé publique France, cités par 60 Millions de consommateurs.
Autrement dit : plus on habite près des vignes, plus on respire et absorbe de produits phytosanitaires.
Et ce n’est pas tout : les concentrations mesurées dans les urines augmentent fortement entre mars et août, pendant les périodes d’épandage. Les enfants, plus sensibles, sont les premiers touchés.
Des gestes simples pour limiter l’exposition
Faute de réglementation plus stricte, les experts appellent à adopter des réflexes de précaution, en particulier durant la saison des traitements agricoles (mars à octobre).
60 Millions de consommateurs relaye notamment les conseils de plusieurs agences régionales de santé (ARS) :
- Fermer les fenêtres pendant les épandages, puis aérer après une heure.
- Ne pas laisser sécher le linge dehors à ces moments-là.
- Nettoyer régulièrement son intérieur (sols, rebords de fenêtres, jouets des enfants).
- Se déchausser avant d’entrer chez soi et laver souvent les mains, surtout celles des plus jeunes.
- Attendre au moins trois jours avant de consommer les fruits et légumes du jardin, puis les laver abondamment ou les éplucher.
- Tenir les enfants éloignés des zones traitées pendant et après les pulvérisations.
Autant de gestes simples qui peuvent réduire sensiblement la quantité de pesticides inhalés ou ingérés au quotidien.
Des chartes de “bon voisinage” jugées inefficaces
Pour informer les riverains et encadrer les traitements, des chartes de bon voisinage ont été instaurées en 2019. En théorie, elles fixent des zones de non-traitement :
- 5 mètres pour les cultures basses (blé, maïs, etc.),
- 10 mètres pour les vignes et vergers.
Mais d’après 60 Millions de consommateurs, leur efficacité laisse à désirer. La plupart des chartes, validées par arrêtés préfectoraux, ne sont pas assez protectrices et n’informent pas vraiment les habitants.
« Dans certains cas, le seul signalement prévu est un gyrophare sur le tracteur », déplore Nadine Lauverjat, déléguée générale de Générations Futures, citée par le magazine.
Quelques départements comme le Médoc ou le Limousin ont bien mis en place des alertes par SMS ou application mobile, mais cela reste marginal.
Quand la justice s’en mêle
Face à ces manquements, plusieurs ONG ont saisi la justice. En novembre 2024, la Cour d’appel de Versailles a confirmé l’annulation de cinq chartes de bon voisinage dans la région Centre-Val de Loire. Une décision qui pourrait faire tomber plusieurs dizaines d’autres chartes similaires, jugées “copiées-collées” selon 60 Millions de consommateurs.
En résumé
En attendant une réglementation plus protectrice, l’information et la prudence restent les meilleurs outils. Fermez vos fenêtres, lavez vos fruits, nettoyez vos rebords de fenêtre — et surtout, exigez des pouvoirs publics une transparence digne de ce nom. Parce que respirer “l’air de la campagne” ne devrait jamais rimer avec inhaler des pesticides!
Adèle PeychesPassionnée de gastronomie et toujours en quête de nouvelles pépites culinaires, j'ai d'abord suivi des études de droit avant de revenir à mon premier amour : le goût des bons produits et le plaisir du partage autour de la table :)
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