Votre poêle antiadhésive est-elle en train de vous faire avaler du plastique ?

Les chercheurs australiens à l’origine de l’étude, publiée dans Science of The Total Environment et relayée par ScienceAlert, ont voulu mesurer l’ampleur du phénomène. Grâce à la spectroscopie Raman — une technique d’analyse moléculaire ultra-précise — ils ont observé ce qui se passait quand un revêtement antiadhésif se détériorait.

Résultat : une poêle légèrement éraflée peut relâcher environ 9.100 micro et nanoplastiques, tandis qu’un revêtement vraiment usé en libère jusqu’à 2,3 millions… en seulement 30 secondes de cuisson !

Ces particules minuscules peuvent ensuite se mélanger à la nourriture ou se disperser dans l’air de la cuisine. Et contrairement aux miettes ou à la graisse, elles sont invisibles à l’œil nu.

Le revêtement de nos poêles antiadhésives est généralement à base de polytétrafluoroéthylène (PTFE), mieux connu sous le nom commercial de Téflon. Ce matériau appartient à la famille des PFAS, surnommés “produits chimiques éternels” car ils ne se dégradent pas facilement dans l’environnement ni dans l’organisme.

Les PFAS sont utilisés dans de nombreux produits du quotidien (emballages alimentaires, textiles déperlants, ustensiles de cuisine…), mais leur persistance inquiète les scientifiques. Plusieurs recherches les associent à des risques potentiels pour la santé, notamment des perturbations hormonales, une atteinte du foie, ou encore des troubles du système immunitaire.

Difficile pour l’instant de savoir quelle quantité de particules nous ingérons réellement ni leurs effets précis sur la santé. L’étude reste expérimentale : elle a été menée en laboratoire, avec des conditions simulant la cuisson.

Mais les chercheurs s’accordent à dire qu’un revêtement abîmé augmente fortement le risque de libération de microplastiques, et que la prudence reste de mise.

Bonne nouvelle : il est possible de réduire très simplement ce risque, sans révolutionner toute votre cuisine.

1. Évitez les ustensiles métalliques. Spatules, fouets ou pinces en métal rayent le revêtement. Préférez le bois, le silicone ou le bambou.
2. Ne surchauffez pas vos poêles. Le Téflon supporte mal les très hautes températures (au-delà de 260 °C). À feu vif, il peut commencer à se dégrader.
3. Remplacez les poêles usées. Si vous voyez des fissures, des cloques ou des zones ternes, direction la déchetterie (pas la poubelle classique).
4. Lavez-les à la main. Le lave-vaisselle use les revêtements plus vite. Une éponge douce suffit.
5. Choisissez la qualité. Certaines marques proposent désormais des poêles antiadhésives sans PFAS, avec des revêtements céramiques ou minéraux plus sûrs.

Aujourd’hui, de nombreuses options existent :

• Les poêles en acier inoxydable (parfaites pour saisir les viandes et légumes).
• Les poêles en fonte (idéales pour une cuisson homogène et durable).
• Les revêtements céramiques sans PFAS, plus respectueux de la santé et de l’environnement.

Même si elles demandent un peu plus d’entretien, ces alternatives durent beaucoup plus longtemps et n’émettent pas de microplastiques.

Une poêle antiadhésive abîmée peut libérer des milliers, voire des millions de microplastiques à chaque utilisation. Si les conséquences précises sur la santé restent à préciser, le principe de précaution s’impose.

En pratique :

• On évite les coups de couteau,
• On remplace les poêles fatiguées,
• Et on choisit des matériaux durables.

Cuisiner sainement, ce n’est pas qu’une question d’ingrédients : c’est aussi une histoire d’ustensiles !