Des vignobles italiens aux grands châteaux français, le vin est une boisson mondiale. Partout sur le globe les vignes poussent, et chaque pays a su créer son vin selon son climat, ses techniques et ses matières.
Mais comment fait-on le vin? Dans quelles conditions la vigne est-elle cultivée? Et quels sont les points forts d’un grand millésime? Ptitchef est allé se renseigner au Château du Tertre dans le bordelais pour comprendre les enjeux de la création d’un grand vin.
1. La vigne
L’élaboration d’un bon produit vient avant tout de matières premières de qualité. Ici, c’est la culture du raisin qui démarre la production d’un vin. Tout d’abord c’est le choix des cépages, les différentes espèces de vignes (que l’on peut connaître sous le nom de Chardonnay, Syrah, Sauvignon), etc…Par exemple, le vin du château du Tertre est composé de 4 cépages différents (Cabernet Sauvignon, Cabernet franc, Merlot et Petit verdot). Commandés chez des pépiniéristes, ces pieds de vignes appelés ceps peuvent vivre jusqu’à 200 ans. Mais dans la production de vin, on les garde en moyenne 50 ans. Ceux-ci seront plantés en rangées, dont l’espacement a un intérêt tout particulier: plus les rangées sont serrées, plus on “force” la vigne à pousser en profondeur pour aller chercher son eau. Tout cela dans le but d’amener plus de sédiments que l’on trouve dans les différentes couches de terre, et ainsi avoir une vigne aux fruits plus concentrés. En forçant la plante à chercher plus de nutriments, celle-ci va produire plus de sucres, d’acidité et avoir des tanins plus renforcés, pour ainsi donner un grand millésime.
2. Les vendanges
Au château du Tertre, la récolte se fait à la main. Cela permet de ne pas abîmer les fruits, et d’avoir un premier tri manuel des grains qui seront recalés de par leur forme ou leur état. De plus, l’espacement choisi entre les rangées de vigne ne permet pas toujours le passage de machines agricoles. Les grains de raisin sont ensuite triés dans une machine à la pointe de la technologie, qui va scanner et analyser les fruits selon des critères donnés par le directeur technique (taille, couleur, …), pour ensuite éliminer les recalés. Ils passeront ensuite par une seconde machine, le fouloir. Si à l’époque, les vignerons écrasaient les raisins avec les pieds dans de grandes cuves, c’est aujourd’hui cette machine qui fait ce travail (et tant mieux!). Sans réellement écraser le raisin pour éviter d’avoir trop de tanins (contenus dans la peau et les pépins), elle va tout de même commencer à récupérer le jus du fruit.
3. La fermentation alcoolique
C’est la transformation du sucre en alcool. Cette étape se passe dans le chai du château, où l’on verse le produit des vendanges (le moût) dans d’immenses cuves en bois (ou inox, béton,..). La température y est contrôlée en permanence (elle ne doit pas dépasser 26°C). Les gaz créés par la fermentation font remonter les peaux en haut de la cuve, ce qui nécessite un brassage régulier, afin qu’elles donnent leur couleur et leurs arômes au vin, qui à ce moment, n’a aucune couleur!
4. La macération
Après 8 à 10 jours de fermentation, le vin en préparation va macérer. C’est à cette étape que le vin va prendre sa couleur. Si elle doit durer longtemps pour un vin rouge, elle ne peut durer que quelques heures pour un rosé. Durant une vingtaine de jours, le vin va capter les tanins, la couleur et les arômes de la pulpe et de la peau. Les cuves vont subir des délestages et des remontages, afin de brasser continuellement le vin pour que la macération soit efficace. Certains utilisent même des cuves ovoïdes (en forme d’œuf) pour créer un mouvement continu à l’intérieur.
5. L'écoulage
L’écoulage, c’est le moment où l’on va séparer le liquide des solides. L’on va séparer le jeune vin, appelé vin de goutte, du marc composé des pépins et de la peau. Ce dernier va être pressé pour donner le vin de presse, bien plus fort que le vin de goutte. A ce moment là l’on va pouvoir choisir la concentration du vin en tanins, en décidant la quantité de vin de goutte que l’on va ajouter au vin de presse.
6. La fermentation malo lactique
Après écoulage, le vin subit une deuxième fermentation, activée par la chauffe des cuves. En effet, la chaleur va permettre un développement de bactéries qui vont transformer l’acide malique en acide lactique. Cette fermentation va fortement réduire l’acidité du vin et lui donner de la souplesse. Particulièrement importante pour la production de vin rouge, cette étape va durer environ 1 mois.
7. L'élevage
Cette étape est optionnelle, mais pourtant essentielle pour le développement des arômes dans le vin. Après sa fermentation malo lactique, ce dernier sera entonné dans des barriques pour une durée d’environ 15 mois. Ces tonneaux sont fabriquées par différents tonnelier, qui travaillent avec des chênes français âgés minimum de 200 ans (il faut 1 chêne pour 4 barriques). L’élevage du vin permet de l’adoucir et de complexifier ses arômes, mais il ne suffit pas d’oublier les barriques pendant plusieurs mois. Car pour que cette étape se passe bien, il faut ouiller le vin. En effet, pendant l’élevage, environ 5 % du vin disparaît dans l’évaporation et dans le bois: c’est ce qu’on appelle “la part des anges”. Ainsi, pour éviter que les barriques ne contiennent trop d’air, nocif pour un bon vin, il faut les remplir régulièrement: c’est l’ouillage.
8. L'assemblage
Comme on a pu l’expliquer plus tôt, un vin est généralement composé de plusieurs cépages, ce qui permet au chef de production de doser son vin et les goûts qui le composent. Tout au long des étapes, chaque cépage est séparé, et se développe seul. Après l’élevage, c’est le moment d’assembler ces cépages afin de produire le vin final. Cette étape se fait en cuve, et c’est des dégustations en interne qui vont définir les pourcentages de chaque cépage. Le directeur général, le directeur technique, le maître de chai et un œnologue conseil se réunissent pour goûter et définir ensemble ce que sera le vin de cette année. On assemble le tout, et on pratique un collage pendant 40 jours: on utilise du blanc d’œuf qui va tomber au fond de la cuve et attirer avec lui les dernières impuretés qui peuvent résider dans le vin.
9. L'embouteillage
Maintenant que l’on a tout assemblé, il faut mettre en bouteille. Au château du Tertre, cela sera fait sur le domaine, afin d’éviter toute tentative de contrefaçon, et vérifier la conformité des bouteilles. Puis, l’on éditera les étiquettes qui seront collées sur les bouteilles, avant qu’elles n’aillent patiemment attendre qu’on les ouvre.
Merci beaucoup pour votre gentil retour ! Je suis ravi que l'article vous ait plu. N'hésitez pas à essayer les recettes et à me dire ce que vous en pensez. Bon appétit !