Matcha : pourquoi votre latte vert préféré pourrait bientôt se faire plus rare

Vous l’avez sans doute vu passer sur Instagram ou dans le mug réutilisable de votre collègue préféré: le matcha est partout. En latte mousseux, en cake marbré, en cookies verts photogéniques ou même dans des pâtes artisanales. Cette poudre de thé venue du Japon s’est invitée dans nos routines bien-être avec une facilité déconcertante.
Mais pendant que l’Europe sirote son latte vert à 9h03 en story, le Japon tire la sonnette d’alarme: la demande explose, les récoltes peinent à suivre, et l’avenir du matcha pourrait devenir… un peu moins zen!
Bien plus qu'un simple thé
Ne vous fiez pas à son apparence de superaliment à la mode. Le matcha, c’est une tradition japonaise vieille de plusieurs siècles. À l’origine, cette poudre verte était réservée aux cérémonies du thé, servie avec lenteur, respect et une concentration toute méditative.
Mais aujourd’hui? Elle est aussi bien dans les bols d’Instagram que dans les rayons des supermarchés bio. On l’adopte pour son coup de boost sans nervosité, ses antioxydants puissants et, il faut bien l’avouer, sa couleur photogénique qui fait briller n’importe quel feed!
Une ascension aussi rapide que fragile
Entre 2012 et 2023, la demande mondiale a triplé, selon les données du ministère japonais de l’Agriculture (citées par Le Parisien). Plus de 4 000 tonnes de matcha sont désormais produites chaque année, dont la moitié est exportée. Résultat: les moulins tournent, les feuilles s’envolent… mais les producteurs, eux, manquent à l’appel.
Pourquoi le matcha, ça ne se fait pas en deux coups de mixeur?
Parce que ce n’est pas une boisson express, même si elle se commande en trois minutes.
Pour produire du vrai matcha :
- Il faut 5 ans pour qu’un théier atteigne sa maturité
- Les feuilles doivent être ombrées plusieurs semaines avant récolte (pour booster leur chlorophylle)
- Elles sont ensuite transformées en tencha, séchées puis moulues lentement entre deux pierres. Résultat: 1h = 40 grammes de matcha
Et on ne parle même pas de la main-d’œuvre vieillissante dans les plantations: en 20 ans, le Japon est passé de 53 000 à 12 000 producteurs de thé.
Pénurie en vue? Ce que les experts disent
Des maisons historiques comme Ippodo ou Marukyu Koyamaen ont déjà commencé à limiter les quantités par client. En ligne, les prix du matcha haut de gamme ont bondi de 30 % depuis le début de l’année. Et dans les coffee shops de Barcelone, Madrid ou Paris, certains baristas cherchent déjà des fournisseurs alternatifs.
Alors oui, la prochaine récolte (en juin) devrait un peu soulager les stocks. Mais les experts sont clairs: si la demande continue d’augmenter à ce rythme, les matchas plus accessibles, utilisés dans les boissons et pâtisseries du quotidien, risquent eux aussi de devenir plus rares.
Ce que ça dit de nous (et de nos tendances food)
Le matcha, c’est l’histoire classique d’un produit ancestral transformé en phénomène mondial. Son succès est mérité – il est bon, sain, esthétique – mais il soulève une question essentielle: que se passe-t-il quand la demande mondiale dépasse la capacité artisanale d’un pays producteur?
Le Japon réfléchit déjà à des solutions: mécanisation partielle, revalorisation des métiers du thé, récupération des terres abandonnées… Mais comme pour la culture du matcha, tout cela prendra du temps.
On fait quoi alors? On arrête le matcha?
Pas du tout. Mais on peut :
- Le savourer autrement, avec plus de conscience
- Privilégier les matchas de qualité, produits dans le respect des traditions
- Ne pas tomber dans le "matcha washing" (les produits ultra transformés avec 0,03 % de poudre verte)
- Et surtout, se rappeler que la rareté peut aussi redonner de la valeur aux choses simples
Vous pouvez également être intéressé par :
