Vous ne trouverez plus ces chocolats de Noël dans votre supermarché cette année
C’est une nouvelle qui risque de chagriner les amateurs de Lindor et de boîtes dorées sous le sapin: les chocolats de Noël Lindt ne seront pas vendus dans les magasins Leclerc cette année. En cause? Un désaccord commercial entre le distributeur français et le chocolatier suisse, sur fond de flambée historique du prix du cacao. Derrière ce différend, c’est tout un équilibre entre pouvoir d’achat, stratégie industrielle et traditions de Noël qui vacille.
Une question de prix (et de cacao)
La nouvelle a été confirmée par France Inter et Sud-Ouest : Lindt et Leclerc n’ont pas réussi à s’entendre sur les prix de vente des célèbres chocolats festifs.
Lindt souhaitait répercuter une partie de la hausse vertigineuse du cours du cacao, tandis que Leclerc, fidèle à son image de défenseur du pouvoir d’achat, a refusé cette augmentation.
Le chiffre clé :
Selon l’Organisation internationale du cacao (ICCO), les prix mondiaux ont triplé en deux ans, atteignant près de 8 000 dollars la tonne (environ 7 000 €), avec des pics à 12 000 dollars sur certaines places boursières.
Ces coûts record s’expliquent par :
- Les récoltes catastrophiques en Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Ghana),
- Le changement climatique, qui réduit les rendements,
- Et la spéculation sur les marchés agricoles.
Face à cette envolée, Lindt a choisi de protéger sa marge en augmentant ses tarifs, tandis que Leclerc a préféré dire “non”, quitte à priver ses clients des produits les plus iconiques de la marque.
Une usine française à l’arrêt… un mois plus tôt
Lindt possède en France une seule usine, à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), spécialisée dans les chocolats de fêtes.
Faute d’accord avec Leclerc, la production aurait été bouclée avec un mois d’avance, selon France Inter.
Un pari risqué pour la marque suisse, qui voit une partie de ses ventes françaises — notamment celles de fin d’année, période cruciale — amputée.
Pour rappel, Noël représente jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires annuel dans le secteur du chocolat.
Ce que cela change pour les consommateurs
Les clients Leclerc ne trouveront donc ni Lindor, ni Champs-Élysées, ni calendriers de l’Avent Lindt dans leurs magasins cette année.
En revanche, les tablettes classiques Lindt restent en rayon, car elles dépendent d’autres contrats commerciaux.
Ce boycott pourrait avoir trois conséquences concrètes :
- Une hausse de la demande chez les concurrents (Ferrero, Révillon, Milka, Côte d’Or…).
- Une augmentation globale des prix, le chocolat devenant plus cher à produire.
- Et un choc symbolique : Lindt, marque phare des fêtes, absente du plus grand distributeur français.
“C’est un coup dur pour les consommateurs fidèles, mais aussi pour l’image premium de la marque”, analyse un spécialiste de la grande distribution.
Derrière le désaccord: un rapport de force classique
Le bras de fer entre industriels et distributeurs n’a rien de nouveau.
En janvier 2024, Carrefour avait déjà retiré les produits PepsiCo (Pepsi, Lay’s, Tropicana) de ses rayons pour les mêmes raisons.
Ces différends reflètent les tensions structurelles du secteur : les marques veulent préserver leurs marges face aux hausses de coûts, tandis que les enseignes jouent la carte du consommateur pour garder les prix bas.
Et Leclerc n’en est pas à son premier duel : en 2019, l’enseigne avait été condamnée à verser 117 millions d’euros à l’État français pour “pressions abusives” sur ses fournisseurs.
“E.Leclerc est connu pour ses négociations particulièrement dures, mais c’est aussi ce qui lui permet d’afficher des prix attractifs”, rappelle Sud-Ouest.
Une affaire qui dépasse les rayons
Derrière ce désaccord, se joue aussi une question de durabilité.
La hausse du cacao révèle une filière en tension : conditions de travail, déforestation, volatilité des prix.
Lindt, qui s’est engagé à utiliser 100 % de cacao traçable et durable d’ici 2028, voit dans cette crise une opportunité d’accélérer sa diversification d’approvisionnement, notamment en Amérique du Sud et en Asie.
Mais ces changements de sources d’approvisionnement coûtent cher, et les marques doivent choisir entre répercuter les hausses ou réduire leurs marges.
Noël sans Lindt? Une première symbolique
Ce “Noël sans Lindt chez Leclerc” a de quoi surprendre.
Les fameux Lindor rouges, les Champs-Élysées dorés et les calendriers scintillants font partie de l’imaginaire collectif des fêtes.
Les voir disparaître des rayons d’un acteur aussi majeur est un signe des temps : même les traditions les plus sucrées sont rattrapées par les réalités économiques.
Mais tout n’est pas perdu :
- Lindt reste présent chez Intermarché, Carrefour et Auchan.
- Les négociations pour les chocolats de Pâques 2026 sont déjà en cours.
- Et les deux parties assurent vouloir “préserver la relation sur le long terme”.
Commentaires
Bremonde
Attristée pour les amateurs de Lindt (produits délicieux certes), attristée que les chocolats de Noël deviennent de moins en moins accessibles mais pas mécontente que Leclerc qui fait son gentil lui "le fidèle défenseur du pouvoir d’achat" ne propose plus cette marque.
Puisqu'on peut s'en procurer ailleurs eh bien on ira ailleurs, quitte à en acheter moins !
On fera comme pour tout le reste en gardant en tête que Leclerc n'est pas aussi regardant pour la viande de porc qu'il propose à ses clients ; il ne s'en vante pas mais il puise sans vergogne dans des élevages intensifs répugnants pour la vie des cochons innocents qui s'y entassent. L'enseigne est loin de mettre la clef sous la porte, ne vous inquiétez pas.