Noël : Découvrez le besoin psychologique caché derrière chaque menu

lundi 15 décembre 2025 18:00 - Daniele Mainieri
Noël : Découvrez le besoin psychologique caché derrière chaque menu

À Noël, tout semble devoir être exceptionnel: la maison décorée, les cadeaux emballés avec soin… et bien sûr le repas.

Beaucoup ressentent une pression à proposer un menu spectaculaire, à sortir un plat “waouh”, comme si la simplicité n’était pas à la hauteur de l’occasion. Cette peur du “pas assez” n’a, en réalité, pas grand-chose à voir avec la cuisine: elle parle surtout de nous, de nos attentes, de notre besoin de plaire et de ce que nous imaginons que les autres attendent de nous. Alors, pourquoi un simple velouté, un rôti sans chichi ou une tarte maison peuvent-ils soudain sembler insuffisants à Noël?


La question des attentes: un repas qui dépasse la cuisine

Le repas de Noël reste un moment très chargé symboliquement. On ne cuisine pas seulement : on perpétue un rituel familial, on participe à la fête, on réunit tout le monde autour de la table. Selon la pyramide des besoins décrite par Maslow, cette période active deux besoins très puissants : l’appartenance et la reconnaissance.

En clair : on veut que les gens soient contents, et on veut sentir qu’on a “bien fait”.

Lorsqu’on cuisine pour la famille, les amis, les beaux-parents, on ressent facilement que l’on joue une petite part de nous-mêmes. Et c’est à ce moment-là que le plat simple peut commencer à paraître… trop simple. Comme s’il n’était pas assez festif, pas assez travaillé, pas assez “digne” de la table de Noël.

La pression visuelle: quand Instagram décide du niveau attendu

Décembre est le mois où Pinterest, Instagram et TikTok explosent de contenus liés aux “tables de Noël”, “menus féeriques”, “recettes spectaculaires”. Tout est beau, tout est parfaitement mis en scène, tout est bien éclairé.

Ce phénomène nourrit ce que les psychologues appellent la comparaison sociale.

On regarde ces images et, sans même s’en rendre compte, on se dit :

“Leur table est magnifique… La mienne doit être au même niveau.”

“Leur plat est sophistiqué… Le mien doit impressionner aussi.”

C’est un biais cognitif bien documenté : plus on voit des choses complexes, plus on associe complexité = valeur. On finit par croire que si un plat est simple, il reflète un manque d’effort. Alors que parfois, il a simplement été bien choisi.

La cuisine comme performance: quand on se sent observé

Beaucoup de personnes décrivent le repas de Noël comme une sorte de “passage obligé” : la cuisine devient une scène, les plats deviennent des preuves, et le regard des autres semble prendre beaucoup de place.

La psychologue Susan Albers parle de perfectionnisme alimentaire :

l’idée que, pour montrer notre amour ou notre engagement, chaque plat doit être travaillé, impeccable, parfaitement présenté.

On craint alors que la simplicité soit mal interprétée :

— “Ils vont penser que je me suis peu investi.”

— “Ça va paraître cheap.”

— “Ce n’est pas assez festif.”

Et pourtant, tout cela reflète surtout nos inquiétudes. Car bien souvent, les convives souhaitent simplement partager un bon moment… pas examiner le niveau de technique culinaire.

Le paradoxe: la simplicité est souvent ce que l’on préfère

Ce qui est amusant, c’est que la simplicité est un pilier de nombreuses traditions culinaires, y compris dans les tables de Noël les plus anciennes :

— un bouillon clair,

— des pâtes maison,

— un poisson au four,

— une volaille rôtie.

Des chefs comme Massimo Bottura ou Yotam Ottolenghi parlent même de “simplicité intentionnelle” :

le choix délibéré de faire moins, mais mieux.

Quelques ingrédients bien choisis et bien traités suffisent souvent à faire un plat mémorable. La simplicité n’a rien d’un manque d’effort : c’est une forme d’équilibre.

Et du côté esthétique? Bonne nouvelle: le simple fonctionne très bien

On imagine souvent qu’un plat simple manquera d’effet visuel. En réalité, c’est souvent l’inverse : les images minimalistes sont perçues comme plus élégantes, plus lisibles, plus harmonieuses.

Quelques principes suffisent à donner un air festif à n’importe quel plat :

  • une vaisselle claire,
  • un contraste de couleurs,
  • une présentation nette,
  • une petite touche finale (herbes, huile parfumée, zestes).

La simplicité peut même devenir un parti pris esthétique… et un soulagement pour le cuisinier.

Pourquoi culpabilise-t-on quand on dépense moins?

Noël est associé à la générosité. Et parfois, cela dérive vers la croyance que “plus cher = plus attentionné”.

Le sociologue Thorstein Veblen parlait de dépense démonstrative : l’idée que montrer qu’on investit beaucoup renforce notre statut et notre image.

Mais dans les faits :

le gaspillage alimentaire grimpe en flèche en décembre,

les frigos débordent,

les budgets explosent.

Opter pour des ingrédients simples, locaux, peu coûteux, relève aujourd’hui autant du bon sens que de la valeur personnelle. C’est un choix responsable, pas un manque d’effort.

Alors… comment lâcher prise?

Voici quelques pistes faciles, inspirées de la psychologie, pour apaiser cette pression :

  • Se rappeler que les invités viennent pour passer un moment ensemble, pas pour évaluer un menu.
  • Miser sur la qualité des ingrédients, même si les recettes sont courtes.
  • Soigner la présentation plutôt que multiplier les étapes.
  • Se rappeler que du temps gagné en cuisine, c’est du temps gagné avec ceux qu’on aime.

À Noël, on peut cuisiner avec simplicité sans rien perdre de l’esprit de fête.

Partager, rire, se retrouver autour d’un plat qui fait du bien… c’est souvent tout ce dont on a vraiment besoin.

Et vous, est-ce que vous ressentez parfois cette pression du “pas assez” pendant les fêtes ?

Daniele MainieriDaniele Mainieri
Chaque jour je m'immerge dans le monde de la cuisine, à la recherche de nouvelles recettes et saveurs à partager : du plat de grand-mère aux dernières tendances culinaires. Je travaille dans la communication alimentaire depuis plus de 10 ans !

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